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L’ALLEMAGNE EN MUTATION : VERS UNE CROISSANCE PLUS INCLUSIVE, DURABLE ET ÉQUITABLE

Première puissance économique d’Europe, l’Allemagne a amorcé depuis plus de vingt ans une profonde transformation de son modèle économique et social. Derrière cette dynamique, un objectif clair : rendre la croissance plus inclusive, plus équitable et plus respectueuse de l’environnement. Ce virage s’est concrétisé à travers des réformes majeures, des stratégies de développement durable ambitieuses, et une attention renforcée à l’inclusion des populations les plus fragiles.


🏗️ De l’Agenda 2010 à aujourd’hui : un marché du travail en mutation

Initiée sous la chancellerie de Gerhard Schröder, l’Agenda 2010 a marqué un tournant pour l’économie allemande. Les réformes Hartz (2003–2005) ont profondément remodelé le marché du travail, en introduisant les mini-jobs, une plus grande flexibilité de l’emploi, et une réduction des allocations chômage.

Ces réformes ont permis de faire chuter le taux de chômage de plus de 12 % à moins de 5 % en une décennie. Mais ce succès macroéconomique a eu un coût social important : précarisation des travailleurs peu qualifiés, explosion des contrats atypiques et montée des inégalités. Aujourd’hui encore, près de 16 % de la population activee de développement durable (ODD) de l’ONU. Sa Stratégie de développement durable mise sur quatre piliers : la transition énergétique (Energiewende), l’économie circulaire, la justice sociale et la neutralité carbone d’ici 2045.

Cette stratégie place l’inclusion sociale au cœur des priorités, avec des mesures concrètes pour lutter contre la pauvreté, améliorer l’accès à l’éducation, renforcer l’égalité des chances et intégrer les populations vulnérables — notamment les migrants, les femmes et les seniors.


👩‍💼 Inclusion économique : diversité et transformation des entreprises

Du côté des entreprises, la culture du management évolue. De plus en plus de sociétés allemandes adoptent des politiques actives de diversité et d’inclusion : recrutement équitable, formations inclusives, sensibilisation aux biais culturels…

L’entreprise Infineon, par exemple, a été primée par le Financial Times en 2023 pour son engagement en faveur de la diversité. Ces initiatives participent à une dynamique visant à faire de l’entreprise un levier d’inclusion, où chaque collaborateur peut s’épanouir quel que soit son genre, son origine ou son parcours.


👶 Travail des femmes et garde d’enfants : un défi persistant

Malgré ces avancées, l’égalité femmes-hommes sur le marché du travail reste inachevée. Les femmes sont toujours majoritairement cantonnées aux emplois à temps partiel, souvent par défaut, en raison de la pénurie de structures de garde d’enfants et d’éducateurs qualifiés.

Les mini-jobs, initialement pensés comme une solution transitoire, se sont transformés pour beaucoup en impasses professionnelles, en particulier pour les femmes. Des réformes fiscales prévues pour 2030 visent à corriger ces déséquilibres, mais leur efficacité reste à démontrer.


🌍 Intégration des migrants : ambition vs réalité

L’Allemagne a accueilli 2,4 millions de réfugiés entre 2015 et 2024, principalement syriens, afghans et irakiens. Un geste humanitaire majeur qui s’est cependant heurté à de réels obstacles d’intégration économique : le taux de chômage des immigrés avoisine encore 15 %, et seule une minorité d’entre eux occupe un emploi stable.

Des dispositifs ont été mis en place — apprentissage de la langue, reconnaissance des diplômes, accompagnement vers l’emploi — mais les résultats restent mitigés. L’inclusion économique des migrants demeure un chantier prioritaire pour garantir la cohésion sociale à long terme.


🏛️ Avril 2025 : un nouveau cap sous le gouvernement Merz

En avril 2025, l’Allemagne entre dans une nouvelle ère économique sous la direction de Friedrich Merz, élu chancelier après des élections anticipées. Confronté à une croissance stagnante et à des défis structurels, le gouvernement Merz entend relancer l’économie à travers un plan d’investissement massif.

💶 Un plan à 500 milliards d’euros pour moderniser l’Allemagne

Le plan 2025-2030 repose sur un fonds de 500 milliards d’euros sur 12 ans. Ce fonds vise à :

  • moderniser les infrastructures (300 milliards gérés par l’État fédéral),

  • soutenir les initiatives régionales (100 milliards pour les Länder),

  • accélérer la transition climatique et numérique (100 milliards dédiés).

Pour le financer, une révision du "frein à l’endettement" — inscrit dans la Constitution — est prévue, afin d’assouplir les règles budgétaires et d’exclure certaines dépenses clés comme celles liées à la défense ou à la transition écologique.


🤝 Une coalition inédite pour un projet commun

Ce plan ambitieux s’inscrit dans le cadre d’une coalition inédite entre la CDU-CSU (centre-droit) et le SPD (centre-gauche), officialisée le 9 avril 2025. Une alliance pragmatique née de la nécessité de débloquer la situation politique et de mettre en œuvre des réformes audacieuses.

Friedrich Merz a déclaré lors de son investiture : « L’Allemagne est de retour », affichant la volonté de faire de l’Allemagne un leader économique et écologique à l’échelle européenne et mondiale.


🔍 Réactions et perspectives

 

Si le plan est salué pour son ambition, des voix s’élèvent sur les risques liés à l’endettement et aux tensions budgétaires futures. Toutefois, la plupart des économistes s’accordent à dire que des mesures fortes sont indispensables pour sortir de la stagnation actuelle et relever les défis du XXIe siècle.

Auteur 

Mayeul BERETTA

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