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QUAND LE MONDE BRÛLE : LES OUBLIÉS DE LA GUERRE – LES PERSONNES HANDICAPÉES FACE À LA TROISIÈME GUERRE MONDIALE

"Il ne suffit pas de survivre aux bombes. Il faut pouvoir vivre après."

— Volodymyr Zelensky, discours devant l’ONU, septembre 2024

Lorsque le président ukrainien évoque les survivants des zones de guerre, il parle des civils, des enfants… mais aussi, de ceux que personne ne voit : les personnes en situation de handicap. Ce sont elles qui paient le prix le plus silencieux, le plus lent, le plus cruel. Dans l’ombre des grandes stratégies militaires et des discours géopolitiques, il y a des corps immobiles, des regards enfermés. Ceux que l’on n’évacue pas. Ceux que les bombes ne tuent pas immédiatement, mais que la guerre finit par effacer.

Alors que le monde vacille entre plusieurs fronts – Ukraine, Moyen-Orient, Taïwan – le spectre d’une Troisième Guerre mondiale n’est plus un scénario de fiction. Il est en marche. Et les plus vulnérables sont déjà en danger.


Ukraine : survivre sans fuir

Depuis 2022, l’invasion russe a transformé l’Ukraine en champ de bataille. Mais tous les Ukrainiens ne peuvent fuir. Des milliers de personnes handicapées sont restées bloquées dans les étages supérieurs d’immeubles sans ascenseur, parfois sans eau, sans lumière, sans soins.

Exemple : À Boutcha, une femme de 73 ans, paraplégique, a été retrouvée morte de froid en 2023, seule dans son appartement. Sa fille avait fui après plusieurs tentatives d'évacuation impossibles. L’aide humanitaire n’est jamais montée jusqu’à elle.

Des ONG comme Handicap International et Fight For Right ont dénoncé un abandon massif. Les plans d’évacuation n’incluent pas les personnes à mobilité réduite. Les respirateurs tombent en panne. Les médicaments manquent. La guerre élimine les plus lents. Si une guerre mondiale éclate, l’Ukraine restera le triste laboratoire de l’oubli.


Moyen-Orient : l’enfer sans issue

Dans la bande de Gaza, en Syrie, au Yémen, les personnes handicapées vivent un état de guerre permanent. Les soins sont devenus un luxe, les équipements une chimère.

Exemple : À Gaza, en 2024, un garçon de 12 ans amputé des deux jambes n’a plus de fauteuil depuis plus d’un an. Il rampe pour se déplacer dans les ruines. Sa mère, épuisée, n’a pas les moyens de le porter.

Les centres de rééducation sont bombardés. Les prothèses sont impossibles à remplacer. La malnutrition aggrave les handicaps existants. Dans les camps de réfugiés, des enfants handicapés naissent et meurent sans jamais être enregistrés. Une guerre globale anéantirait toute possibilité de soin, laissant ces personnes sans nom, sans histoire, sans trace.


Taïwan : quand la technologie ne suffit plus

Taïwan, îlot technologique et démocratique, est perçue comme le futur épicentre d’un affrontement entre la Chine et l’Occident. Mais la guerre cybernétique et physique menace un écosystème ultra-dépendant de l’électricité et des réseaux.

Exemple : À Taipei, une femme non-voyante utilise une application vocale couplée à une domotique intelligente pour vivre seule. En cas de coupure d’internet et de courant, elle serait prisonnière de son propre appartement.

Les fauteuils intelligents, les assistants numériques, les soins à distance deviennent des pièges quand la technologie cesse de fonctionner. Une guerre dans cette zone effacerait brutalement des décennies d’innovation inclusive.


L’oubli globalisé

Dans tous les scénarios de guerre, une constante glaçante revient : l’invisibilité des personnes handicapées. Elles ne sont mentionnées dans aucun traité, aucun plan d’évacuation global, aucune négociation de paix.

Exemple : En 2023, le Haut-Commissariat aux Réfugiés a recensé 114 millions de déplacés… mais sans pouvoir estimer combien d’entre eux étaient en situation de handicap. L’ONU reconnaît ce manque abyssal de données comme “une des grandes failles de l’humanitaire moderne”.

On parle de réfugiés, de civils, mais jamais des morts lentes : celles de la déshydratation, du manque d’insuline, de l’arrêt des respirateurs, de la solitude. Une Troisième Guerre mondiale signerait l’effacement global de cette partie de l’humanité déjà marginalisée.


Et demain ? Prévenir avant qu’il ne soit trop tard

Un monde en guerre ne sera jamais un monde accessible. Mais il peut encore être humain. Il est urgent de penser la guerre de manière inclusive, d’agir avant l’oubli.


Solutions à envisager : entre prévention et résilience

1. Créer des protocoles de guerre inclusive

  • Plans d’évacuation spécifiques

  • Abris accessibles

  • Communication en pictogrammes et braille

➡️ Proposition : Un Protocole de Genève additionnel pour le handicap en temps de guerre.


 2. Développer des réseaux de résilience locale

  • Veilleurs de quartier

  • Groupes de soutien entre voisins

  • Cartographies des personnes vulnérables

➡️ Inspiration : Le Japon post-Fukushima et ses “cartes de vulnérabilité”.


 3. Encourager le stockage communautaire

  • Kits de survie handicap : médicaments, batteries, manuels visuels

  • Réserves locales partagées avec accès sécurisé

➡️ Exemple : L’Allemagne développe déjà des “boîtes de crise inclusive” dans ses zones frontalières.


4. Rendre la communication de crise accessible

  • Alertes multi-formats : audio, braille, LSQ, pictos

  • Applis de survie utilisables hors ligne

➡️ Solution : Une application universelle de crise humanitaire pour tous types de handicaps.


 5. Inclure les personnes handicapées dans les négociations de paix

  • Participation aux comités de reconstruction

  • Représentation dans les conseils de relogement

 

➡️ Exemple : Au Rwanda, après le génocide, des villages ont été reconstruits avec la participation active d’associations de personnes handicapées.

Auteur 

Mayeul BERETTA

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