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MILAN, VILLE SANS TABAC : UNE RÉVOLUTION URBAINE EN MARCHE

 

DEPUIS JANVIER 2021, MILAN A ENTAMÉ UNE TRANSFORMATION AMBITIEUSE : DEVENIR UNE VILLE SANS TABAC. UNE DÉCISION QUI, BIEN PLUS QU’UNE SIMPLE MESURE DE SANTÉ PUBLIQUE, MARQUE UN TOURNANT DANS LA GESTION DES ESPACES URBAINS ET DANS LA VISION DE LA COHABITATION CITOYENNE. MAIS QUE DIT LA PRESSE À CE SUJET ? ET QUELLES LEÇONS PEUT-ON EN TIRER ?

 

Une mesure progressive mais ferme

Lancée par la municipalité de Milan, cette politique vise à interdire de fumer dans de nombreux espaces publics extérieurs, notamment les arrêts de bus, les parcs, les stades, les cimetières et à proximité des écoles. Depuis 2025, l’interdiction s’est étendue à tous les espaces publics extérieurs, sauf si l’on peut se tenir à plus de 10 mètres d’autrui.

Dans La Repubblica ou Il Corriere della Sera, on souligne le caractère avant-gardiste de la mesure. Milan devient ainsi la première grande ville italienne à poser de telles restrictions en extérieur, une décision accueillie avec un mélange de scepticisme et d’enthousiasme. Le maire Giuseppe Sala a défendu une « vision durable et saine de la ville », assumant une posture proactive face aux enjeux sanitaires et climatiques.

Entre liberté individuelle et bien commun

Dans Il Fatto Quotidiano, certains éditorialistes pointent toutefois un paradoxe : la tension entre santé publique et liberté individuelle. Si la lutte contre le tabagisme est saluée, plusieurs voix s’élèvent contre une possible dérive « hygiéniste » qui pourrait restreindre progressivement d'autres libertés. Le journal évoque également les questions d’applicabilité : comment faire respecter l’interdiction dans une métropole de plus d’un million d’habitants ?

Pourtant, d’après La Stampa, les premiers résultats sont encourageants. On note une baisse visible des mégots dans les rues et un changement de comportement progressif chez les fumeurs. La politique s’accompagne d’une campagne de sensibilisation intelligente plutôt que d’une logique purement punitive.

Un modèle pour l’Europe ?

À l’international, Le Monde ou encore El País ont repris l'information avec intérêt, soulignant que Milan s’inscrit dans une tendance européenne. Barcelone, Paris ou encore Bruxelles multiplient également les zones sans tabac, notamment dans les parcs et plages.

Ce que Milan ajoute, c’est une démarche systématique et cohérente : elle ne se limite pas à des lieux symboliques, mais repense l’ensemble de l’espace urbain comme un lieu de respiration collective. La dimension écologique est d’ailleurs mise en avant : en réduisant le tabagisme, on réduit également la pollution de l’air et des sols, ainsi que les coûts de nettoyage urbain.

 Milan, laboratoire de la ville de demain

L’expérience de Milan nous montre qu’une ville peut se transformer en profondeur par une vision claire, un dialogue avec les citoyens, et une politique publique audacieuse. Loin d’être une simple guerre contre les fumeurs, il s’agit d’un changement de culture : vivre ensemble dans un environnement plus sain, plus propre, plus respectueux des autres.

 

La presse italienne, bien qu’hétérogène dans ses réactions, reconnaît la portée symbolique de cette décision. Milan devient un cas d’école pour les autres villes européennes. Reste à voir si cette politique pourra être maintenue et adaptée dans la durée, sans creuser de fractures sociales.

Auteur 

Mayeul BERETTA

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