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La France accro à ses dogmes thérapeutiques

 

Un système de santé parmi les meilleurs... et pourtant figé

La France aime à se penser en tête de peloton sur les questions de santé publique. Avec sa Sécurité sociale, son accès aux soins relativement équitable et ses professionnels de santé largement qualifiés, l’Hexagone semble bien armé pour faire face aux enjeux médicaux contemporains. Pourtant, derrière cette image rassurante se cache une rigidité profonde du système, fondée sur des dogmes thérapeutiques difficilement remis en question. C’est ce que de plus en plus d’analystes et d’articles de presse commencent à souligner.

L’hospitalo-centrisme, un modèle qui résiste à toute réforme

Dans Le Monde ou Libération, les critiques du modèle hospitalo-centré reviennent régulièrement. Malgré les nombreuses alertes sur l’épuisement du personnel soignant, les urgences saturées ou les fermetures de lits, les réformes peinent à réorienter les investissements vers la médecine de ville ou la prévention. Le culte de l’hôpital comme lieu ultime de soin reste ancré, comme un totem intouchable. Les rapports se succèdent, les plans sont annoncés… et les blocages demeurent.

Le médicament, solution réflexe

Autre dogme solidement installé : le recours prioritaire au médicament. Comme l'ont pointé plusieurs enquêtes de L’Obs ou de Mediapart, la France reste l’un des plus gros consommateurs de psychotropes en Europe (notamment les antidépresseurs et anxiolytiques). Le réflexe prescripteur prime souvent sur la recherche d’approches plurielles : psychothérapie, éducation à la santé, ou médecine intégrative peinent à se faire une place. Ce tropisme médicaliste s’explique aussi par une forte influence de l’industrie pharmaceutique sur la formation continue et les pratiques médicales.

La méfiance envers les approches alternatives

Le débat sur les médecines alternatives ou complémentaires révèle un autre verrou idéologique. En France, l’Ordre des médecins et les agences de santé ont longtemps adopté une position dure, parfois rigide, vis-à-vis de tout ce qui s’éloigne de l’evidence-based medicine (EBM). Pourtant, comme le rapportent Le Figaro Santé ou France Inter, la demande de la population pour des approches plus douces (acupuncture, ostéopathie, phytothérapie) ne cesse de croître. L’institution peine à articuler exigence scientifique et ouverture, préférant souvent la disqualification pure et simple.

Le Covid-19, révélateur des lignes de fracture

La crise sanitaire a été une caisse de résonance spectaculaire de cette addiction aux dogmes thérapeutiques. La gestion centralisée, les choix de traitements imposés par le haut, les controverses autour de l’hydroxychloroquine ou de l’ivermectine, ont mis en lumière un système verrouillé. Plutôt que d’ouvrir un débat scientifique pluraliste, la tendance a été à la stigmatisation des voix dissidentes – y compris dans la presse, comme l’ont relevé des articles critiques dans Marianne ou France Soir, souvent eux-mêmes marginalisés.

Vers une médecine plus agile ?

La France, pour continuer à se prévaloir de son excellence sanitaire, devra peut-être faire preuve d’un peu plus d’humilité. La science médicale est par essence évolutive, et une société en bonne santé est aussi une société capable de questionner ses certitudes. Ouvrir davantage le champ du débat, inclure les patients dans les décisions, repenser la prévention : autant de pistes évoquées mais rarement concrétisées.

 

Il ne s’agit pas de renier les acquis, mais d’oser une médecine moins dogmatique, plus dialogique. Autrement dit, sortir de l’addiction aux vérités uniques pour renouer avec la complexité du soin.

Auteur 

Mayeul BERETTA

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