Parler de handicap, c’est souvent affronter le silence, les jugements, et les idées reçues. Pendant longtemps, dans les médias comme dans la société, le handicap était associé à un manque, à une déficience, à une forme de marginalité. Mais depuis quelques années, des voix s’élèvent pour déconstruire ces perceptions et affirmer haut et fort : être différent ne veut pas dire moins bien. Parmi elles, celle de l’actrice Hélène de Fougerolles a eu un retentissement particulier.
Une parole intime et nécessaire
En 2021, Hélène de Fougerolles publiait "T’inquiète pas, maman, ça va aller", un livre bouleversant dans lequel elle raconte le parcours de sa fille Shana, diagnostiquée autiste tardivement. Elle y parle de l’incompréhension, des errances médicales, du regard des autres – y compris celui du monde du cinéma –, mais surtout de l’amour inconditionnel d’une mère. Son récit n’est ni misérabiliste ni édulcoré : il est humain, vrai, et puissant.
Son témoignage a eu un impact fort dans la presse : Elle, Le Parisien, Télérama, ou encore France Inter ont relayé son histoire avec une écoute nouvelle. On a vu apparaître dans les titres des mots comme "courage", "résilience", "inclusion", mais surtout une remise en cause d’un système qui, trop souvent, exclut les personnes différentes au lieu de les intégrer.
Une visibilité encore trop rare
Ce qu’apporte Hélène de Fougerolles, c’est une visibilité précieuse à une réalité que vivent des milliers de familles en France : celle de l’isolement, du combat administratif, du manque de structures adaptées, mais aussi de la richesse que représente un enfant qui perçoit le monde autrement.
Mais la presse reste encore frileuse : quand il s’agit de parler du handicap autrement que sous l’angle du défi ou de la douleur, les exemples restent rares. On valorise l’exploit, la performance ("malgré le handicap"), mais rarement le quotidien, la normalité différente, les talents singuliers.
Vers une culture de l’inclusion ?
Les familles concernées par le handicap réclament plus qu’une compassion passagère : elles veulent un changement de regard. Et c’est là que le rôle des médias est crucial. En donnant la parole à des personnalités comme Hélène de Fougerolles, mais aussi à des familles anonymes, à des jeunes porteurs de handicap eux-mêmes, la presse peut participer activement à cette révolution de la représentation.
Car oui, être autiste, trisomique, en fauteuil, malentendant ou neuroatypique ne signifie pas être "moins bien". Cela signifie être autrement. Et cette altérité, loin de nous diviser, peut enrichir nos liens sociaux, notre culture, notre humanité.
Auteur
Mayeul BERETTA
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