Kiev, avril 2025 — Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a qualifié d’"équitable et stratégique" le nouvel accord signé avec les États-Unis sur l’exploitation et le développement des ressources minières critiques, un partenariat qui s’inscrit dans la reconstruction de l’Ukraine et la sécurisation des chaînes d’approvisionnement occidentales. Cet accord, largement relayé par les médias internationaux, marque une étape majeure dans la coopération économique entre Kiev et Washington, mais soulève aussi des questions sur ses retombées concrètes pour les populations les plus vulnérables d’Ukraine.
Un accord à forte portée géopolitique
Selon The New York Times, l’accord vise principalement à développer des projets d’extraction de lithium, de nickel et de terres rares dans l’est et le sud de l’Ukraine, des régions autrefois touchées par les combats. Les États-Unis s’engagent à fournir un soutien technique, financier et sécuritaire, en échange d’un accès prioritaire à ces ressources stratégiques. Pour Washington, il s’agit de réduire sa dépendance envers la Chine dans le secteur des technologies vertes et de défense.
Zelensky a souligné que cet accord ne "reproduit pas les erreurs du passé", en référence à des accords déséquilibrés qui ont jadis profité à des élites corrompues au détriment du peuple.
La presse ukrainienne entre optimisme et vigilance
Des médias ukrainiens comme Ukrainska Pravda et NV saluent une "avancée majeure" qui pourrait créer des milliers d’emplois, accélérer la modernisation industrielle et contribuer à la stabilisation économique. Cependant, plusieurs éditorialistes appellent à la transparence dans la mise en œuvre, soulignant le risque de réapparition de pratiques oligarchiques ou de projets nuisibles à l’environnement.
Quelles retombées pour les populations vulnérables ?
L’accord est prometteur sur le plan économique, mais qu’en est-il pour les personnes vulnérables — déplacés internes, anciens combattants, habitants des zones sinistrées, et minorités rurales ?
Des ONG comme Human Rights Watch et l’ONG ukrainienne Right to Protection appellent à inclure des garanties sociales claires. Dans un rapport cité par Le Monde, elles avertissent : « sans mécanismes de redistribution équitable, les populations locales risquent d’être marginalisées, voire déplacées à nouveau pour faire place à l’industrie extractive. »
En outre, la question de la pollution des sols et de la santé publique dans les zones minières est peu abordée dans les documents officiels. Or, ce sont souvent les populations précaires qui vivent à proximité de ces sites.
Un potentiel levier social, sous conditions
L’accord pourrait devenir un moteur de reconstruction sociale s’il s’accompagne de programmes ciblés : formation professionnelle pour les déplacés, soins de santé pour les riverains, respect des normes environnementales, et implication des collectivités locales dans les décisions. La presse européenne, notamment Der Spiegel et Le Figaro, insiste sur ce point : "l’équité" vantée par Zelensky devra se traduire par des bénéfices concrets pour les plus fragiles, et pas seulement pour les investisseurs.
L’accord minier entre l’Ukraine et les États-Unis est sans doute un tournant économique et diplomatique. Mais sa légitimité sociale dépendra de sa capacité à répondre aux besoins des populations vulnérables. Pour que cet accord soit véritablement "équitable", comme l’a affirmé Zelensky, il devra être plus qu’un partenariat stratégique : un modèle de reconstruction inclusive, où personne n’est laissé de côté.
Auteur
Mayeul BERETTA
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