À L’ÈRE DU STREAMING ET DU BINGE-WATCHING, LES PLATEFORMES COMME NETFLIX, PRIME VIDEO OU DISNEY+ OCCUPENT UNE PLACE CENTRALE DANS NOTRE CONSOMMATION CULTURELLE. CES NOUVEAUX MODES DE VISIONNAGE ONT CHANGÉ NOTRE RAPPORT AUX SÉRIES : PLUS IMMERSIF, PLUS RAPIDE, MAIS AUSSI POTENTIELLEMENT PLUS INFLUENT. À TRAVERS CETTE HABITUDE DEVENUE COMMUNE, SE POSE UNE QUESTION ESSENTIELLE : QUI VOIT-ON À L’ÉCRAN ? ET SURTOUT, QUI RESTE ENCORE DANS L’OMBRE ?
DIVERSITÉ : DES PROGRÈS VISIBLES MAIS ENCORE INÉGAUX
La presse généraliste et spécialisée (Le Monde, Télérama, Libération, Les Inrocks) s’accorde à dire que les plateformes ont accéléré certains progrès en matière de diversité. On observe une multiplication des personnages issus de minorités ethniques, des histoires centrées sur des parcours LGBTQIA+ ou encore des séries qui abordent les questions de genre avec plus de nuance.
Netflix, notamment, s’est positionné comme pionnier de cette inclusion avec des productions comme Sex Education, Pose ou encore Heartstopper. Toutefois, plusieurs analyses soulignent une forme de diversité cosmétique : les personnages sont présents, mais rarement au cœur des intrigues, et les stéréotypes restent fréquents.
Le handicap, grand oublié du petit écran
Quand il s'agit de la représentation des personnes en situation de handicap, le tableau est beaucoup plus contrasté. Un rapport publié par le CSA (devenu Arcom) en 2023 et relayé par Le Figaro ou France Info révèle que seulement 0,6 % des personnages dans les fictions françaises sont identifiés comme porteurs d’un handicap. Et lorsque ces personnages existent, ils sont souvent secondaires, voire réduits à leur condition médicale.
À l’international, des séries comme Special, Atypical ou Ramy ont tenté de briser ces codes, avec des personnages interprétés par des acteurs concernés. Pourtant, ces exemples restent l’exception plutôt que la norme. Selon The Guardian, Hollywood peine encore à intégrer pleinement des talents en situation de handicap, préférant confier ces rôles à des acteurs valides, ce qui renforce l'exclusion au lieu de la combattre.
Binge-watching : une opportunité pour changer le récit ?
La consommation intensive de séries via le binge-watching peut pourtant devenir un levier d’inclusion. Lorsqu’un personnage est suivi sur plusieurs épisodes, voire plusieurs saisons, cela crée un lien émotionnel fort avec le public. Cette proximité est une chance de normaliser des réalités longtemps invisibilisées.
La presse souligne que les spectateurs sont de plus en plus sensibles à ces enjeux. Des hashtags comme #RepresentationMatters ou des campagnes de sensibilisation sur les réseaux sociaux poussent les producteurs à repenser leurs choix. Mais pour que le changement soit réel, il doit se traduire dans les coulisses : plus de scénaristes, de réalisateurs et d’acteurs en situation de handicap doivent pouvoir accéder aux plateaux.
voir, c’est croire… et comprendre
Le binge-watching n’est pas seulement une manière de se divertir, c’est aussi un outil culturel puissant. En offrant des récits plus inclusifs, les séries peuvent faire évoluer les mentalités, déconstruire les clichés et valoriser la pluralité des expériences humaines. À condition que l’industrie aille au-delà de la vitrine et ouvre véritablement la porte à toutes les formes de diversité – y compris le handicap.
Auteur
Mayeul BERETTA
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