L’école française au miroir de Macron : diversité, handicap, égalité, et citoyenneté en chantier
L’école française, souvent décrite comme le pilier de la République, traverse aujourd’hui une période de redéfinition profonde. À l’heure où Emmanuel Macron affirme vouloir repenser les priorités éducatives autour de la diversité, de l’inclusion du handicap, de l’égalité femmes-hommes et du respect du temps de l’enfant, on peut s’interroger sur la cohérence entre ces intentions affichées et la réalité du terrain.
Une école à l’image de la société : diversité et promesses
Le président Macron a rappelé à plusieurs reprises sa volonté de faire de l’école un lieu plus représentatif de la société française dans toute sa diversité. Cela signifie, dans les discours du
moins, une attention renforcée aux origines sociales et culturelles des élèves, à la lutte contre les discriminations, et à la promotion de l’égalité des chances.
Mais dans les faits, la carte scolaire continue souvent de refléter les inégalités territoriales, et les établissements dits « prioritaires » peinent à retenir leurs enseignants ou à proposer des
parcours réellement équitables. Si la diversité est bien une priorité politique, elle ne peut être une simple valeur : elle exige des moyens.
L’inclusion des élèves en situation de handicap : progrès ou écran de fumée ?
L’école inclusive est un objectif réaffirmé chaque année. Pourtant, les Accompagnants d’Élèves en Situation de Handicap (AESH) restent
sous-payés, précaires, et parfois absents faute de recrutement. Le nombre d’enfants en situation de handicap non scolarisés ou scolarisés à temps très partiel reste alarmant.
Macron a promis une refonte du statut des AESH et plus de moyens pour l’adaptation des parcours, mais sur le terrain, les familles dénoncent encore une « inclusion en trompe-l’œil », où l’élève
est présent, mais sans réel accompagnement pédagogique adapté.
Égalité filles-garçons : une avancée fragile
L’école est aussi un lieu où les stéréotypes de genre se transmettent ou se déconstruisent. L’égalité entre filles et garçons est aujourd’hui intégrée aux programmes, mais reste trop souvent
traitée de manière superficielle.
L’Éducation nationale peine encore à féminiser certains parcours (notamment scientifiques ou techniques) et à former suffisamment les enseignants à ces enjeux. Les violences sexistes et sexuelles
à l’école restent sous-estimées, et les campagnes de prévention, trop ponctuelles, peinent à changer les mentalités en profondeur.
Le temps de l’enfant : entre rythmes biologiques et rythmes politiques
La question du temps de l’enfant — souvent résumée aux rythmes scolaires — revient régulièrement dans les débats. Les réformes successives
(semaine de 4,5 jours, puis retour à 4 jours dans de nombreuses communes) ont semé le trouble dans l’organisation familiale et municipale.
Le gouvernement veut désormais « repenser » ce temps pour mieux concilier apprentissages et bien-être. Mais sans concertation avec les enseignants, les parents et les collectivités, ces annonces
risquent de n’être qu’un lifting de plus, sans réel changement sur le fond.
Vers une Convention citoyenne pour l’école ?
Dans la lignée des conventions citoyennes sur le climat ou la fin de vie, l’idée d’une Convention citoyenne sur l’éducation commence à émerger.
Emmanuel Macron l’a évoquée de manière indirecte, suggérant qu’il serait temps de « redonner la parole aux citoyens » sur ce qui constitue l’un des grands chantiers de la
République.
Ce serait l’occasion, espérons-le, d’ouvrir un débat démocratique de fond sur le rôle de l’école aujourd’hui : une école pour trier ou pour élever ? Pour s’adapter à l’économie ou pour former des
citoyens ? Et surtout : qui doit décider de ce que l’on y enseigne et comment ?
entre volontarisme et flou stratégique
La vision éducative portée par Emmanuel Macron veut s’inscrire dans une modernité progressiste — diversité, inclusion, égalité. Mais la mise en œuvre semble souvent en décalage avec les discours. Entre réformes descendantes, injonctions paradoxales aux enseignants, et une école sous tension budgétaire, la refondation promise reste à construire.
Et si, pour une fois, on écoutait vraiment ceux qui vivent l’école au quotidien : élèves, enseignants, parents, et personnels ? Une Convention citoyenne ne serait pas une solution miracle, mais au moins un pas vers une école plus démocratique.
Auteur
Mayeul BERETTA
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