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Rencontre avec Sophie Lemp : une écrivaine de l’intime

Source : Sophie Lemp

 

Sophie Lemp fait partie de ces autrices discrètes mais essentielles, dont les livres touchent le cœur tout en douceur. Depuis la parution de Le Fil en 2015, elle tisse une œuvre sensible, épurée, centrée sur les émotions, la mémoire et les liens familiaux. À travers une écriture délicate, presque musicale, elle explore les creux de l’existence — le silence, l’absence, le passé — sans jamais forcer le trait. Leur séparation, Les Miroirs de Suzanne et la fille que tu étais. Rencontre avec une autrice qui fait de la simplicité un art, et de l’intime une matière littéraire précieuse.

L’intimité comme matière littéraire

Chez Sophie Lemp, tout est question de nuance. Ses romans ne crient jamais, ne cherchent pas l’effet : ils murmurent, effleurent, suggèrent. Sa plume, fine et retenue, fait résonner l’émotion dans les silences. C’est dans l’invisible, dans les petits riens du quotidien, qu’elle puise sa force. L’absence d’un père, la douleur d’une séparation, la fragilité d’un lien familial — autant de thématiques qu’elle aborde sans pathos, avec une pudeur lumineuse. Chaque mot semble pesé, chaque phrase ciselée pour mieux capter l’écho intérieur du lecteur.

Une littérature qui apaise et relie

Interrogée sur la place de la littérature dans la vie des jeunes générations, Sophie Lemp en souligne la fonction de refuge : « Un livre permet de s’isoler, de s’éloigner des écrans, de découvrir un univers, de réfléchir aussi. » Dans un monde saturé d’images et de sollicitations, ses livres offrent une pause, une respiration. Lire devient alors un geste presque intime, un retour à soi. Et surtout, comme elle le dit si bien, un livre « nous dit que nous ne sommes pas seuls ». C’est là, peut-être, que réside la puissance de sa littérature : dans cette capacité à établir un lien invisible mais réel entre l’auteur et le lecteur, à travers les mots.

Une évolution portée par les lectures

Depuis son premier roman, le regard que Sophie Lemp porte sur le monde a évolué, mais sans rupture. Elle parle d’un accompagnement, d’un cheminement lent, nourri par ses lectures autant que par l’expérience. Elle lit beaucoup d’autrices contemporaines, cherchant dans leurs livres un écho à ce qu’elle vit, mais aussi à ce qu’elle écrit. Parmi ses influences, elle cite Annie Ernaux, Joan Didion, Deborah Levy — des femmes dont l’écriture, elle aussi, s’ancre dans l’intime, dans le réel. Ces lectures ne dictent pas sa plume, mais l’accompagnent, comme des voix parallèles.

Une autrice essentielle de la littérature contemporaine

Sophie Lemp n’écrit pas pour faire du bruit. Elle écrit pour dire l’indicible, pour apprivoiser le manque, pour faire entendre ce que d’autres n’osent pas formuler. Sa littérature ne cherche pas l’actualité, elle cherche l’essentiel. Et c’est précisément ce qui la rend précieuse aujourd’hui : dans un monde agité, elle nous invite à la lenteur, à l’écoute, à l’attention. À travers son œuvre, elle nous rappelle que l’intime n’est pas replié sur soi : il est ce qui nous relie les uns aux autres.

Auteur

Mayeul BERETTA

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