Récemment, sur Instagram, un reel est devenu viral sous le hashtag “dessiner_fausse_maladie”. On y voit des esquisses évoquant des pathologies fictives — gribouillis flous, corps disloqués, visages fantomatiques. L’intention ? Créer l’émotion, interpeller, provoquer. Mais est-ce bénéfique… ou dangereux ?
L’illustration, l’art visuel particulièrement, s’est souvent employée à représenter les maladies — tant réelles (cancer, épilepsie, troubles mentaux) que fictives — pour sensibiliser ou simplement partager une expérience vécue.
- Points forts : les créations de Shawn Coss, par exemple, incarnent les maladies mentales sous la forme de créatures effrayantes, suscitant une empathie intuitive creapills.com.
- Limites : lorsque le dessin ne repose sur aucune réalité médicale, il peut véhiculer de fausses idées, nourrir les stigmatisations, ou faire croire à une pathologie là où il n’y en a pas.
Dessiner la maladie “faite” : créer la confusion
Dessiner des maladies imaginaires, c’est transformer le non-existant en symbole plausible — au risque :
- de renforcer l’hypocondrie, état anxieux où l’on croit souffrir d’une maladie grave sans fondement médical.
- d’encourager la simulation ou le trouble factice, où les symptômes sont fabriqués ou entretenus consciemment, sans bénéfice concret (sauf l’attention)
- de banaliser les souffrances réelles en créant un faux parallèle entre vraies et fausses pathologies.
Danger : créer un syndrome de
Münchhausen artistique ?
Lorsque l’on « feint » une maladie visuellement, on entre dans la zone trouble du syndrome de Münchhausen, trouble factice sévère où la personne simule ou provoque des symptômes pour attirer attention ou soins.
Sur Instagram, des dessins répétitifs du “mal imaginaire” peuvent stimuler ce comportement préjudiciable.
Impact créatif : une voie artistique toxique ?
Le dessin est souvent salué comme médium thérapeutique : exutoire, catharsis, libération émotionnelle. Mais dessiner des atteintes fictives peut :
- Enfermer l’esprit dans un cycle de victimisation : plus on dessine sa maladie imaginaire, plus on l’intériorise.
- Démythifier la créativité : l’art devient simple clin d’œil morbide, perdant sa profondeur.
Alternatives plus saines pour l’art thérapeutique
- Dessiner ce qu’on vit : angoisses, burnout, solitude, sans transformer ces vécus en pathologie fictive.
- Illustrations symboliques : jeux de métaphores (murs à gravir, labyrinthes intérieurs…) plutôt que pathologie graphique.
- Illustrer des parcours de soin ou des maladies avérées, en se basant sur des témoignages, pour sensibiliser et éduquer.
Auteur
Mayeul BERETTA
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